La vie à défendre
Brown-outAprès le Burn-Out et le Bore-Out, voici le « BROWN-OUT », le dernier syndrome à affecter les salariés : ces derniers ne trouvent pas / plus de sens à leur travail.

Quels sont ses symptômes ? Comment en sortir ?

La CFTC vous en dit plus. 



Le brown-out ou la perte de sens au travail.

Moins connu que le burn-out (voir encadré), le brown-out - qui peut se traduire littéralement par « baisse de tension »  est une autre forme d'épuisement au travail. Il naît du manque d'intérêt que ressent le salarié face à des tâches peu valorisantes, qui ne correspondent pas à son niveau de compétence, ou qui se  révèlent contraires à ses attentes voire à ses valeurs. Devenu absurde, le travail effectué perd alors tout son sens. Le salarié est démotivé, désengagé, épuisé. Il s'agit d'une affection psychique au même titre que le burn-out et le bore-out. Si les causes ne sont pas les mêmes, ces syndromes entraînent tous trois une véritable souffrance du salarié, pouvant conduire à la dépression.

 BURN-OUT, BORE-OUT, BROWN-OUT : QUELLE DIFFERENCE ?

Le burn-out désigne un épuisement à la fois physique, émotionnel et mental, causé par des conditions de travail trop exigeantes, et un surinvestissement du salarié. Il est à différencier du bore-out, qui désigne a contrario un épuisement par ennui, c'est à dire lié à une sous-charge de travail. Et du Brown-out, dont il est question ici et qui renvoie pour sa part à un désengagement du salarié face à la vacuité des tâches effectuées.

Les manifestations du brown-out - baisse d'attention, remise en question à la fois professionnelle et personnelle, état d'angoisse voire de dépression ... s'installent progressivement dans le temps et ne sont pas toujours visibles. Le salarié continue de travailler, ne souffre pas d'un épuisement soudain qui affecte son aptitude au travail. Mais l'inintérêt des tâches effectuées entraîne chez lui un manque grandissant de motivation, le sentiment d'être inutile, de répéter des tâches absurdes, de perdre son temps, de ne pas être à sa place… . Le Brown-out peut naître d'une incompréhension face aux ordres de la hiérarchie et aux valeurs mêmes de l'entreprise. Ces sentiments se traduisent par un désengagement du salarié, écartelé entre la nécessité d'avoir un emploi et l'impression de mener des tâches contre-productives et inutiles.

Qui sont les travailleurs les plus touchés ?

Le brown-out est souvent évoqué comme corollaire de l'émergence des « bullshit jobs » (littéralement: « jobs à la con » !). Ces emplois sans grand intérêt se sont multipliés avec l'émergence du Web et  des nouvelles technologies. Parmi les domaines les plus impactés : l'e-commerce, le management, les ressources humaines, la communication, le marketing... Si le burn-out touche plutôt les cadres et  les professions intermédiaires, le brown-out s'observe essentiellement chez de jeunes salariés sur-diplômés aux compétences sous-exploitées.
Pour autant, le brown-out est susceptible de toucher toutes les catégories de salariés. Moins visible et moins connu que le burn-out, il serait néanmoins plus répandu. Autre profil concerné: les travailleurs qui se lancent dans une voie « par vocation» et qui, une fois sur le terrain, se retrouvent confrontés à une réalité bien éloignée de leurs attentes (certains professeurs, par exemple). Le brown-out peut également se déclarer suite à une évolution de poste ou une modification des conditions de travail, notamment dans les start-up, où tout va vite - et où le salarié doit sans cesse s'adapter à de nouveaux outils, de nouveaux process, de nouveaux objectifs ...

Comment lutter contre le Brown-out ?

Brown-outQuelles solutions possibles si vous y êtes sujet ?

Les signes que nous venons d'évoquer ne doivent pas être négligés, au risque d'impacter durablement votre qualité de vie et votre santé. Dans un premier temps, le dialogue avec votre hiérarchie est à privilégier. Un échange avec votre manager peut être bénéfique et permettre une redéfinition de vos tâches, une revalorisation de vos missions.
L'aide d'un tiers est souvent précieuse: sollicitez vos représentants du personnel. C'est aussi le rôle des délégués syndicaux, qui peuvent vous aider à ouvrir un dialogue fécond avec vos supérieurs. Ne laissez pas les symptômes du brown-out s'installer: parlez-en à votre médecin traitant ou consultez la médecine du travail. Ne restez pas isolé.
Certains cas nécessiteront un arrêt de travail, un départ de l'entreprise, une reconversion ... Selon votre situation, vous aurez besoin d'informations sur les conditions de reconnaissance et d'indemnisation de votre maladie, sur les différents modes de rupture de contrat (démission, rupture conventionnelle) ou bien encore sur les possibilités de formation professionnelle ... Dans chaque cas,dessolutions existent et il est essentiel d'être bien informé. Ne restez pas isolé.

L'importance des mesures préventives.

C'est à l'entreprise de mener les actions nécessaires à la prévention des diverses souffrances au travail et des risques psychosociaux. Selon le Code du travail, l'employeur est tenu d'assurer la sécurité
ainsi que la santé physique et mentale des salariés. Ces mesures préventives passent notamment par la sensibilisation et la formation des managers (parmi leurs missions : donner du sens au travail demandé, entretenir l'intérêt et la motivation des équipes ...), un dialogue social de qualité, l'information des salariés, une démarche qualité de vie au travail cohérente et adaptée. Dans le cas du brown-out, les RH ont également un rôle à jouer, en amont, dès les phases de recrutement (description du poste, définition des tâches, choix des profils ...).
Soulignons pour conclure l'importance de développer d'autres centres d'intérêt, en dehors de l'entreprise: la perte de sens et d'envie au travail ne doit pas s'étendre aux autres activités du salarié. C'est aussi cet équilibre préservé entre vie professionnelle et vie personnelle qui aidera à limiter les effets du brown-out.

Article paru sur le magazine de la CFTC
"La Vie à défendre" - Sept. - Oct. 2020